Quarante-quatre ans déjà !

Vicaire depuis à peine un an à la paroisse montréalaise de Saint-Louis-de-Gonzague, je ne me doutais pas, en me couchant le soir du 13 décembre 81, que je vivrais dans quelques heures une histoire des plus rocambolesques.

Disons-le tout de suite, je n’ai jamais été en faveur du bingo paroissial organisé par mon curé et d’ailleurs je n’y ai jamais assisté. Pourtant, j’en fis les frais cette nuit-là lorsque deux voleurs s’introduisirent sans bruit dans le presbytère, pour mettre la main sur les recettes du bingo de la veille. Réveillée en sursaut et menacée d’un revolver sur la tempe, la ménagère cru bien faire en les dirigeant non vers la chambre du curé (âgé et nerveux) mais plutôt vers la mienne (merci bien, Antoinette !). Averti par cette dernière qu’un paroissien avait un besoin urgent de prêtre, j’allais tranquillement ouvrir ma porte de chambre lorsque l’un des voleurs, impatient et craignant sans doute un appel téléphonique, défonça la porte et, surpris de me voir si près de lui, me tira une balle à bout portant. Je me retrouvai subitement étendu à terre, me demandant bien ce qui pouvait m’arriver tout en distinguant une odeur de poudre dans l’air. Le voleur en question se pencha immédiatement sur moi pour voir la gravité de ma blessure (et non « pour me demander pardon » tel que rapporté faussement par les journaux). Estimant la blessure légère, alors que le poumon gauche avait été perforé de bord en bord, les malfaiteurs introduisirent curé et ménagère dans ma pièce pour leur soutirer l’endroit du pécule … sans succès, car le curé n’en était pas, paraît-il, à sa première expérience de vol ! Après une interminable période d’interrogation, et voyant que je perdais de plus en plus de sang, les deux compères (plutôt sympas) se retirèrent bredouilles non sans avoir empoché, comme prix de consolation, une partie de la quête dominicale. Je vous fais grâce du branle-bas qui s’en suivit avec appels d’urgence, ambulance, hospitalisation, transfusions de sang, etc., etc..

Bon, même si quelques confrères m’ont accusé gentiment d’être aller trop loin dans ma dévotion envers le pape (Jean-Paul II, tiré également sept mois auparavant, soit le 13 mai), l’écart demeure néanmoins immense entre Karol Woytila attaqué en haine de la foi et mon humble personne « martyr du bingo » (selon l’expression taquine du père Daniel-Ange, rencontré en 1984 alors que j’étais depuis peu curé de Sainte-Brigide). Je crois néanmoins que la même Providence y a joué un rôle déterminant, et pour cela j’en rends grâce à Dieu. Ses voies sont parfois étonnantes, pour ne pas dire mystérieuses; rien ne lui échappe, pas même un cheveu de notre tête !

En guise de corollaire, j’ajouterai que chaque année, depuis quarante-quatre ans, j’envoie des fleurs au Carmel en la fête de saint Jean de la Croix (14 décembre). Petit clin d’œil à ce docteur mystique de l’Église qui a parlé si brillamment de la transverbération de l’âme aimante et dont la fête m’aura permis de verser un peu de mon sang pour l’église diocésaine … seule véritable consolation, suite à une tragique transverbération de poumon.

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L’unique créature « nécessaire »

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En cette fête liturgique de la Conception immaculée de la Vierge (8 décembre), il convient de saluer cette femme admirable et unique, destinée à fournir le trait d’union entre la nature humaine et la nature divine, le Christ, vrai Dieu et vrai homme.

« Je te salue pleine de grâces ». Ces paroles de l’ange Gabriel à Marie résument bien le mystère que nous célébrons en ce jour: la jeune fille est pleines de grâces, elle est la toute-sainte, celle qui fut préservée de tout péché (y compris de la tache du péché originel) par une grâce venant déjà de la mort de son Fils. Car il ne convenait pas que celle qui fournirait au Verbe éternel un point d’ancrage en ce monde fusse un seul instant soumise à la domination du Prince des ténèbres.

De toute éternité, le Dieu tout-puissant a donc prédestiné Marie à devenir la Mère de son Fils et c’est là le fondement de toutes ses autres prérogatives : conception immaculée, assomption glorieuse, etc. Lorsque Dieu pense à Marie, il y voit, d’une certaine manière, la créature «nécessaire» à la réalisation de son plan salvifique. Mais n’allons pas penser que la Vierge aura eu la vie facile pour autant … elle a dû collaborer à la réussite de sa mission : elle a souffert, elle a prié, elle a patienté, elle a espéré. Elle fut surtout un modèle de confiance inébranlable ; une confiance qui se traduisait par une soumission totale à la Volonté de Dieu, soumission admirablement exprimée dans l’hymne de la fête : « Elle a bâti sa demeure dans les vouloirs du Père. »

Le temps de l’Avent, qui nous prépare à Noël, est donc rehaussé (et non distrait) par la fête de l’Immaculée Conception : une fête  qui ennoblit celle qui, une fois enceinte, se préparera à accoucher le Messie, le Sauveur du monde :

« Voici l’épouse inépousée,

Marie, servante et souveraine,

Qui porte en secret le salut du monde.

Le sang du Christ la rachète

Mais elle en est la source. »

(Hymne de la Fête)

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Venue intermédiaire du Christ

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Saint Bernard, abbé de Clairvaux

Le mot Avent vient du latin « Adventus » qui signifie Venue. En effet, ce temps liturgique traite principalement des deux venues du Christ: celle d’il y a 2000 ans et celle de son retour glorieux à la fin des temps. Les chrétiens vivent donc dans l’attente; mais, par ailleurs, nous savons bien qu’il est déjà là « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Matthieu 28, 20). Comment concilier ces deux notions de présence et d’absence du Christ ? Laissons la parole à saint Bernard de Clairvaux, docteur de l’Église, qui nous l’expliquera facilement :

«Nous savons qu’il y a une triple venue du Seigneur, la troisième se situant entre les deux autres. Celles-ci, en effet, sont manifestes, celle-là, non. Dans sa première venue, Jésus a paru sur la terre et il a vécu avec les hommes, lorsque, comme lui-même en témoigne, ils l’ont vu et l’ont pris en haine. Mais lors de sa dernière venue, toute chair verra le salut de notre Dieu et ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. La venue intermédiaire, elle, est cachée : les élus seuls la voient au fond d’eux-mêmes, et leur âme est sauvée. Ainsi il est venu d’abord dans la chair et la faiblesse ; puis, dans l’entre-deux, il vient en esprit et en puissance; enfin il viendra dans la gloire et la majesté. Cette venue intermédiaire est vraiment comme la voie par laquelle on passe de la première à la dernière : dans la première le Christ fut notre rédemption, dans la dernière il apparaîtra comme notre vie, et entre-temps, il est notre repos et notre consolation.

Mais pour que personne ne risque de penser que ce que nous disons de cette venue intermédiaire est une invention de notre part, écoutez ce que dit le Seigneur lui-même : « Si quelqu’un m’aime, il gardera mes paroles, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui ». (…) Mais où ce croyant gardera-t-il ces paroles ? Dans son cœur, sans aucun doute. Comme le dit le prophète : « Dans mon cœur je conserve tes ordres pour ne point faillir envers toi ». Voici comment il te faut garder la parole de Dieu, Heureux en effet ceux qui la gardent : qu’on la fasse donc entrer dans ce qu’on peut appeler les entrailles de l’âme ; qu’elle passe dans les mouvements de ton cœur et dans ta conduite. (…) Si de la sorte tu t’es mis à garder la parole de Dieu, nul doute qu’elle ne te garde aussi. Le Fils viendra à toi, avec le Père. »

(Sermon de saint Bernard pour l’Avent, Éditions cisterciennes, 4 (1966) 188-190)

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Bonne année et bonne randonnée !

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Dieu est un mystère dont même les contours nous échappent. Lui seul peut se révéler et c’est ce qu’il a fait par la Création et par ses interventions dans l’histoire de l’homme dont l’Incarnation  est le plus bel exemple.

Jésus est donc le chemin que nous devons emprunter pour arriver à la connaissance authentique du Père. Et c’est précisément ce chemin que l’Église, animée par l’Esprit, emprunte chaque année pour nous conduire progressivement à cette connaissance qui surpasse toutes les connaissances; ce processus a pour nom la contemplation liturgique.

Nous commençons aujourd’hui une nouvelle année liturgique qui nous invitera, comme par les années passées, à continuer notre ascension de la montagne de Dieu par un chemin en spirale qui nous fera contempler à nouveau les mêmes paysages : naissance à Bethléem, mort et résurrection à Jérusalem, descente du Saint Esprit et envoi en mission. Autant de temps liturgiques dont les deux principaux, Noël et Pâques, seront préparés par des temps secondaires : Avent et Carême. La Pentecôte, quant à elle, nous ouvrira à un temps de réflexion assez prolongé qui nous fera approfondir le message évangélique.

La liturgie aime la simplicité des symboles et, entre autres, la couleur ! Le blanc sera donc réservé aux fêtes, le violet aux temps de préparation, le vert à la longue période de réflexion. D’autres couleurs sont rattachées à diverses célébrations comme le rouge aux fêtes des martyrs. Remarquons que le noir, autrefois surutilisé pour les funérailles, a disparu à toute fin pratique (depuis Vatican II) pour être  remplacé fort heureusement par le violet ou le blanc.

Néanmoins, au delà de la palette des couleurs liturgiques, il y aura toujours un vibrant appel à contempler le Christ dans ses divers mystères. Puisse la nouvelle année liturgique nous y être favorable:

« Puisqu’il est avec nous tant que dure cet âge,

N’attendons pas la fin des jours pour le trouver …

Ouvrons les yeux, cherchons sa trace et son visage,

Découvrons-le qui est caché au cœur du monde comme un feu! »

(Didier Rimaud)

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La vie des bienheureux, selon Thomas d’Aquin

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(Détail de la Fresque du Jugement dernier, par Fra Angelico)

« Bien-aimés, dit saint Jean, dès maintenant nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’Il est. » (1 Jean 3,2). Il suffit d’avoir assisté à diverses liturgies dans des églises ou salons funéraires, et d’y avoir entendu certaines homélies, pour se rendre compte de la tendance à paganiser la vie après la mort : « Ah oui, le défunt a retrouvé sa conjointe (la dernière), deux belles étoiles dans le ciel », ou encore « Il a enfin réalisé son rêve de pouvoir aller visiter les diverses planètes », sans oublier l’inmanquable « Il ou elle nous regarde avec tendresse en ce moment et nous attend impatiemment ». Quand savons-nous ? Et où est Dieu dans tout ça ? « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et ton envoyé, Jésus Christ. » (Jean 17, 3). Voici ce qu’en dit le docteur angélique, saint Thomas d’Aquin, dans une homélie sur le Credo :

« Dans la vie éternelle, il y a d’abord l’union de l’homme avec Dieu. Car Dieu lui-même est la récompense et la fin de tous nos travaux. Et cette union consiste dans la parfaite vision. (…) La vie éternelle consiste encore dans la louange parfaite. (…) Et encore dans le parfait rassasiement du désir, car chaque bienheureux y possédera plus qu’il ne désirait et n’espérait. La raison en est que personne ne peut en cette vie combler son désir, et que jamais rien de créé ne rassasie le désir de l’homme. Dieu seul rassasie, et au-delà : à l’infini. C’est pourquoi on ne se repose qu’en Dieu, comme le dit saint Augustin : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il se repose en toi ». (…) La vie éternelle consiste encore dans la société jubilante de tous les bienheureux, et cette société sera extrêmement délicieuse parce que chacun possédera tous les biens que possèdent tous les bienheureux. Car chacun aimera l’autre comme soi-même et par suite se réjouira du bien de l’autre comme son bien-propre. De ce fait, l’allégresse et la joie d’un seul s’accroît dans la mesure où elle est aussi la joie de tous. » (Opuscula theologica 2, 216-217)

Ouf ! Comme nous sommes loins de ces paradis folkloriques que nous entretenons inconsciemment en nous-mêmes et qui laissent soupçonner le désir d’une survie toute matérielle. Faut-il encore le répéter, la vie éternelle n’est pas un droit de l’homme mais un privilège accordé gracieusement à ceux et celles qui auront mis leur confiance en Jésus Sauveur. Lui seul est « le chemin, la vérité et la vie ». Si Dieu est Amour, c’est donc dans l’amour qu’il nous faut vivre actuellement afin de pouvoir en vivre éternellement : « La charité ne passera jamais …  » (1Corinthiens 13, 8).

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En ce 2 novembre …

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En ce 2 novembre, l’Église nous invite à prier pour les « fidèles défunts » c’est-à-dire pour les chrétiens, les baptisés décédés, spécialement ceux et celles qui nous ont quittés au cours de l’année. Bien, nous allons prier … mais non sans nous arrêter, au préalable, sur certains points de la foi catholique ! Et tout d’abord, qu’en est-il de la survie de la personne après la mort ? de la prière pour les défunts ? de l’existence du Purgatoire ? de l’aide à apporter à ces âmes ?

Âme : « L’Église affirme la survivance et la subsistance après la mort d’un élément spirituel qui est doué de conscience et de volonté, en sorte que le «moi» humain subsiste. Pour désigner cet élément, l’Église emploie le mot «âme» consacré par l’usage de l’Écriture et de la Tradition. » (Congrégation pour la Doctrine de la Foi, 17 mars 1979)

Prières pour les défunts: « L’Église a entouré de beaucoup d’amour la mémoire de ses défunts dès les premiers temps du christianisme en offrant pour eux ses suffrages. » (Vatican II, Constitution sur l’Église)

Purgatoire:  « Il y a un Purgatoire et les âmes qui y sont retenues sont aidées par les intercessions des fidèles et surtout pas le sacrifice propitiatoire de l’autel. » (Concile de Trente) Quelle discrétion de la part du concile qui se refuse d’entrer dans les détails. Alors gardons-nous d’en faire un lieu tout feu tout flammes … il s’agirait plutôt, d’après Benoît XVI, de l’amour du Père nous purifiant jusqu’à ce qu’il soit parvenu à nous enflammer.

La communion des saints n’est donc pas brisée par le décès de nos proches. Jésus ressuscité fait le lien entre les deux mondes : grâce à lui, la mort physique ne fait pas un mort mais un vivant. Cependant, nous dit le père Rey-Mermet : « la mort est un écran qui m’empêche de voir mes bienheureux au Ciel mais eux, voyant Dieu me voient en Dieu. Un écran plus épais me sépare des âmes du Purgatoire … un écran dans les deux sens car elles ne peuvent me voir en Dieu. Cette rupture ne nous coupe pas de leur tendresse, ni de leurs prières, mais ce sont elles surtout qui attendent les nôtres. »

Que faire pour les âmes du Purgatoire ? En plus des prières, un grand moyen de les aider (note encore Rey-Mermet) est « de devenir plus chrétiens par amour pour eux. Dans cette solidarité et cet échange, la tâche qui nous revient est de renoncer à nos défauts et à nos fautes pour compenser les péchés pour lesquels ils souffrent loin de Dieu et de réparer leurs insuffisances passées par notre collaboration plus ardente à leur œuvre que la mort a interrompue. (…) Quelle merveilleuse possibilité d’action commune avec nos disparus à travers les ténèbres provisoires de nos isolements réciproques. » (Croire, Pour une redécouverte de la foi, page 394).

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Une espérance pleine d’immortalité !

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En cette fête de la Toussaint, et en ces temps d’incertitude et de violence, quoi de plus consolant que de se rappeler le but ultime de notre vie chrétienne : LA VIE AUPRÈS DE DIEU ! « Une espérance pleine d’immortalité » nous rappelait déjà l’auteur du livre de la Sagesse (50 ans avant le Christ) ; une espérance accessible à tous les justes, non seulement les grands saints mais également les croyants très ordinaires. « Ils sont nombreux les bienheureux qui n’ont jamais fait parler d’eux et qui n’ont pas laissé d’image ; tous ceux qui ont depuis des âges aimé sans cesse et de leur mieux autant leurs frères que leur Dieu » (Robert Lebel).

En contemplant la fresque du Jugement dernier de Fra Angelico (illustrée ci-haut), je remarque la joie et la bonne entente qui règnent sur le visage de ceux et celles qui viennent de se faire dire « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde » (Matthieu 25, 34). Cette bonne entente n’est évidemment pas nouvelle pour eux car ils l’ont tous vécue durant leur vie terrestre, bon an mal an. Cette bonne entente, ils l’ont reçue du Christ, Prince de la Paix, qu’ils ont servi fidèlement dans la foi et la charité. Aimer Dieu, aimer son prochain et se réjouir du bonheur des autres, voilà une grâce insigne qui me semble être rappelée ici, dans la fresque de Fra Angelico, par cette joyeuse farandole en compagnie de leurs anges gardiens.

La fête de la Toussaint, fête de tous les saints petits et grands, nous rappelle en dernière analyse le triomphe final de l’Amour miséricordieux dans nos vies personnelles. C’est l’accomplissement de la mission conjointe de Jésus et de l’Esprit Saint sur terre. Bienheureux ! Oui, mille fois bienheureux ! Ceux et celles qui participeront aux Noces de l’Agneau dans le royaume de son Père !

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Les chemins de la CONVERSION

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 » Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle  » (Marc 1, 15), c’est par ces paroles que Jésus débute son ministère publique. Et depuis 2000 ans, ces paroles ne cessent de se répercuter dans le monde pour inviter l’humanité à revenir à Dieu. Mais, concrètement, que veut dire le mot « conversion » dans la vie personnelle ? Voici les explications d’un illustre écrivain de l’Église orientale :

 » Voulez-vous que je vous indique les chemins de la conversion ? Ils sont nombreux, variés et différents, mais tous conduisent au ciel.

  1. Le premier chemin de la conversion, c’est la condamnation de nos fautes. Commence toi-même par dire tes fautes pour être justifié. Et c’est pourquoi le Prophète disait : J’ai dit : je veux confesser au Seigneur les iniquités que j’ai commises ; et toi, tu as pardonné le péché de mon coeur. Condamne donc toi-même les fautes que tu as commises, et cela suffira pour que le Maître t’exauce. Celui qui condamne ses fautes, en effet, craindra davantage d’y retomber. Éveille ta conscience pour avoir ton accusateur en toi-même et ne pas le rencontrer devant le tribunal du Seigneur. Voilà donc un excellent chemin de conversion.
  2. Il y en a un deuxième, qui n’est pas inférieur à celui-là. c’est de ne pas garder rancune à nos ennemis, de dominer notre colère pour pardonner les offenses de nos compagnons de service, car c’est ainsi que nous obtiendrons le pardon de celles que nous avons commises contre le Maître ; c’est la deuxième manière d’obtenir la purification de nos fautes. Si vous pardonnez à vos débiteurs, dit le Seigneur, mon Père qui est aux cieux vous pardonnera aussi.
  3. Tu veux connaître le troisième chemin de la conversion ? C’est la prière fervente et attentive que tu feras du fond du coeur. (…)
  4. Si tu désires connaître le quatrième chemin, je citerai l’aumône ; elle a une puissance considérable et indicible. (…)
  5. La modestie et l’humilité ne sont pas des moyens inférieurs à ceux que nous avons dits pour détruire les péchés à la racine. Nous en avons pour témoin le publicain qui ne pouvait pas proclamer ses bonnes actions, mais qui les a toutes remplacées par l’offrande de son humilité et a déposé ainsi le lourd fardeau de ses fautes.

Nous venons donc d’indiquer cinq chemins de la conversion : d’abord la condamnation de nos péchés, puis le pardon accordé aux offenses du prochain ; le troisième consiste dans la prière ; le quatrième dans l’aumône ; le cinquième dans l’humilité. Ne reste donc pas inactif, mais chaque jour emprunte tous ces chemins ; ce sont des chemins faciles et tu ne peux pas prétexter ta misère. Car, même si tu vis dans la plus grande pauvreté, tu peux abandonner ta colère, pratiquer l’humilité, prier assidûment et condamner tes péchés. Ta pauvreté ne s’y oppose nullement. « 

(Saint Jean Chrysostome, extrait du Sermon sur le diable tentateur)

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Explosion de couleurs

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Même si chaque saison comporte sa beauté particulière, il en est une qui, dans un pays comme le Canada, peut se glorifier d’être un peu plus à l’image de Dieu … l’automne! La Nature s’y embellit de façon exponentielle à la manière d’une supernova qui pressent sa mort prochaine. Un débordement de couleurs qui nous rappelle ce débordement d’amour que fut et demeure la création de l’Univers.

Mais, hélas, le plus beau demeure caché à ceux qui n’ont pas la foi. Qu’un Dieu, éternel et tout-puissant, partage l’existence avec des êtres intelligents, voilà déjà tout un événement. Mais qu’il y rajoute son incarnation pour se rapprocher d’eux et pour les sortir du pétrin, alors là, c’est du jamais vu (pour dire le moins !).  Y aurait-il encore une autre beauté à ajouter ? Oh, que oui ! Car le plan du Créateur ne se limite pas à cette vie seulement mais vise à faire communier pleinement les humains au bonheur éternel qui est le sien. D’où l’invitation incroyable à se laisser greffer à son Fils afin de pouvoir jouir, en lui, de la vision béatifique.

Création, incarnation, rédemption, divinisation, autant d’étapes, autant de couleurs superposées, qui ornent un paysage spirituel à couper le souffle. Un plan extraordinaire où l’Amour a le premier et le dernier mot : un mystérieux projet qui valorise au plus haut point la créature en lui permettant de s’associer librement à cette initiative divine.

« O abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu !

Que ses décrets sont insondables et ses voies incompréhensibles !

Car tout est de lui et par lui et pour lui.

À lui soit la gloire éternellement. Amen »

(Romains 11, 23.26)

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Bruno, un moine qui me tient à cœur !

En ce 5 octobre, veille de la fête de saint Bruno (fondateur de l’Ordre des Chartreux, en 1084), je ne puis vous offrir rien de mieux que cet extrait de sa lettre envoyée de Calabre (Italie du sud) aux moines de la Grande Chartreuse (France) quelques mois avant sa mort en 1101 :

« Réjouissez-vous donc, mes frères très chers, pour votre bienheureux sort et pour les largesses de grâce que Dieu répand sur vous. Réjouissez-vous d’avoir échappé aux flots agités de ce monde, où se multiplient les périls et les naufrages. Réjouissez-vous d’avoir gagné le repos tranquille et la sécurité d’un port caché; beaucoup désirent s’y rendre, beaucoup font même un effort pour l’atteindre et n’y parviennent point.  (…) De vous, mes bien-aimés frères convers [religieux non-prêtres, consacrés aux travaux manuels], je dis : « mon âme glorifie le Seigneur », car je considère la magnificence de sa miséricorde sur vous, d’après l’exposé de votre prieur et père très aimant, qui est rempli de joie et de fierté à votre sujet. Je me réjouis  moi aussi, car bien que vous n’ayez pas la science des lettres, le Dieu tout-puissant grave de son doigt dans vos cœurs non seulement l’amour, mais la connaissance de sa loi sainte; vous montrez en effet par vos œuvres ce que vous aimez et ce que vous connaissez. » 

Lors de sa visite en Calabre, en 1984, le Pape Wojtyla témoigna de son estime pour la vie contemplative en visitant les moines chartreux de Serra San Bruno le 5 octobre (veille de la fête de Bruno, et 900e anniversaire de la fondation de l’Ordre). Cette abbaye, plusieurs fois détruite, abandonnée et reconstruite, rappelle le lieu de la 2e fondation de l’Ordre (après celle de la Grande Chartreuse) ; elle a même l’honneur de conserver les restes du vénéré fondateur, décédé à cet endroit en 1101. Voir plus haut quelques photos de cette visite papale.

La fondation de l’Ordre des Chartreux se situe au 11e siècle, dans la foulée de la réforme de l’Église entreprise par le Pape Grégoire VII. Maître Bruno, ancien chanoine de Reims, instaura dans le massif de Chartreuse (près de Grenoble) une nouvelle forme de vie monastique, assez semblable à celle qu’avait inaugurée, au début du siècle, saint Romuald (fondateur des Camaldules), qui unit la vie érémitique à un minimum de vie communautaire. Comme quoi la vie silencieuse et solitaire est souvent le remède à apporter à une pratique religieuse tombée dans la tiédeur … saint Bruno serait-il de notre temps ?

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